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La philosophie de l'amélioration continue

Lors du déroulement d’un projet et / ou lors de l’analyse d’une problématique, nous entendons parler fréquemment de méthodes comme KAIZEN, LEAN, SIX SIGMA, KANBAN, SCRUM, PDCA, DMAIC, A3, 5S, AGILE,… mais que signifient au juste ces termes ? Et pourquoi comparer LEAN vs SIX SIGMA, ou bien PDCA vs DMAIC ?
En fin de compte, tous ces termes, ce sont des méthodes, des processus, des concepts, des principes qui répondent tous à une PHILOSOPHIE, qui est synthétisée et rassemblée sous le nom d’AMELIORATION CONTINUE. Je préfère utiliser ce terme générique car il y a souvent de la confusion entre les différents principes (LEAN, XP, SCRUM…), bien que la tendance soit de tout regrouper sous le terme AGILE – ce qui est inexact.

Définition selon la norme ISO 9000 : l’amélioration continue est une "activité régulière permettant d'accroître la capacité à satisfaire aux exigences.»

Le but de cet article n’est pas d’expliquer toutes les méthodes, les processus (à ce jour il y en a plus de 300 identifiés !!!) mais d’apporter une "vision" plus claire sur les tenants et aboutissants de cette philosophie :
A quoi sert cette philosophie ? Dans quel but ?

D'où vient l'amélioration continue ?

Depuis la nuit des temps nous fabriquons des objets, des outils, des produits, des systèmes plus ou moins complexes, parfois uniques et sur-mesure, parfois semblables en plusieurs exemplaires.
Pour répondre aux besoins du client nous développons et fabriquons le(s) produit(s), mais ils sont soumis à des réajustements, des variabilités (innovations, marketing, politique, stratégie, coût…) qui pénalisent la qualité du produit et les attentes du client.
Comme nous sommes des êtres humains avec des esprit "reptiliens" nous avons tous peur de l’incertitude, du hasard, des ambigüités, des doutes... et donc dans l’optique de maîtriser ces variabilités, il a été mis en place au fil du temps une "philosophie des techniques" pour obtenir une harmonisation, une approche pragmatique.
Mais est-ce pour autant maîtrisé à 100% ? Nous verrons un peu plus loin les limites...

Bien entendu, toutes ces méthodes ne se sont pas faites en un jour... Petit historique de l'amélioration continue :


Objectifs et étendue de l'amélioration continue

L’amélioration continue met en avant le développement de produit étape par étape au moyen d’itérations courtes, permettant ainsi de livrer régulièrement au client une version fonctionnelle du produit.
La flexibilité et l’adaptation rapide aux changements sont les atouts majeurs de cette philosophie. Pour évoluer dans ce contexte, il est important de prioriser chaque fonctionnalité du produit en lien avec les ressources et le temps à disposition. Le client étant intégré dans chaque phase du processus, l’échange d’informations entre les parties est également facilité.
L’amélioration continue fait partie d’un cycle de vie du projet, même une fois celui-ci terminé. Dans notre cas de conception et fabrication de produits mécaniques, nous avons deux principes à connaître :


Phases de projet
Pourquoi avons-nous besoin de personnes qui gèrent l’amélioration continue ?

Les compétences de l’ingénieur Amélioration Continue sont essentielles au sein de toute industrie, des TPE – PME - PMI aux grands groupes industriels. Comme son nom l’indique, l’ingénieur Amélioration Continue est en charge de l’optimisation des performances industrielles en menant à bien les projets d’amélioration et d’innovation.
Il va être acteur sur des missions de résolution de problèmes, de cartographie de flux, de réduction des en-cours... Son rôle est principalement de travailler sur la partie technique et analytique des projets.

L’amélioration continue est un sujet complet, complexe, et qui demande beaucoup de temps et de compétences précises. Cela ne peut pas être improvisé par "n’importe qui" au sein d’une société en parallèle d’une autre activité.


Le but même de la philosophie d'amélioration continue est de pouvoir travailler avec des variabilités, et surtout d’établir une communication entre tous les acteurs (Client, Commercial, BE, BM, Qualité, Production, Contrôle, Maintenance, SAP,...).
Voici un schéma, réalisé par la société DELOITTE, qui synthétise sous le format d’un "plan de métro" les lignes et stations du paysage de "l’Agilité".


Carte de métro des méthodes agiles
Voir la carte en version interactive (GIF)

Carte de métro des méthodes agiles

Nous comprenons tout de suite l’envergure de l’amélioration continue ! Ce n’est pas juste un processus, mais une façon de penser, de concevoir, de développer, d’optimiser la réalisation d’un projet ou d’un produit, quelle que soit sa destinée.

Les méthodes "Agiles"

Le principe AGILE est né pour répondre à des besoins informatiques. Le manifeste écrit en 2001 en donne la définition suivante : "Nous avons trouvé une voie améliorant le développement logiciel en réalisant ce travail et en aidant les autres à le faire. De ce fait nous avons déduit des valeurs communes."
C’est de là que le terme "Agile" a pris tout son sens : facilité à agir.
Ce principe commence à être adapté à d’autres secteurs que l’informatique, notamment dans l’industrie.

Rappel sur le développement d’un projet

Il existe trois grandes pratiques de développement de projet :

Pratiques de développement projet

Nota : il existe aussi des pratiques hybrides, comme le développement itératif incrémental.
Voici quelques méthodes AGILE :

Disciplined Agile Delivery (DAD)

La DAD prend en compte le cycle de vie du produit (identification du besoin client, développement, industrialisation, livraison, utilisation par le client, recyclage).
Elle repose sur :


Large-Scale Scrum (LeSS)

L'objectif de LeSS est de faire en sorte que toutes les équipes voient le produit dans son ensemble et non en fonction de leur "partie".

Scaled Agile Framework (SAF ou SAFe)

Le Scaled Agile Framework est un ensemble de principes et de méthode (Agiles, Lean, Kanban et Scrum) pour développer et délivrer plus rapidement des produits et des services. Il se concentre sur l'alignement, le travail d'équipe et le provisionnement des multiples équipes Agiles. SAFe repose sur des règles issues des principes Agiles et du Lean, telles que :


SCRUM

Le principe Scrum, issu de "l’Agilité", est né pour répondre à des besoins dans l’informatique. Il est adaptatif, car les lignes de code changent au fur et à mesure des variabilités (retour client, technologique, environnement, protocole,...).
Le Scrum est une méthode de gestion de produit et non de projet, c’est-à-dire que tout est articulé sur le produit. Le produit pensé en début de développement ne sera pas le produit livré dans 6 mois !!!
Scrum se base sur un ensemble de processus, de rôles, d’événements ponctuels et de règles définies pour chaque équipe du projet. Le terme central du Scrum, le "sprint" est une itération : il s’agit de périodes de 2 à 4 semaines. Un nouveau "sprint" commence dès la fin du précédent. Chaque "sprint" doit répondre à des besoins à réaliser (solution à des fonctions).

Scrum framework

Le principe du "Lean"

Le principe Lean est utilisé dans l’industrie (automobile, aéronautique, ferroviaire, ...) dans un but de gestion de la production.
Comme tout principe, il regroupe des méthodes (5S, Kaizen, Just-in-time, ...) qui ont pour objectif d’effacer le "gaspillage" et d’optimiser la production :

Principe Lean

Le Lean est basé entre autres sur le PDCA (Plan, Do, Check, Action) :


Le but est d’atteindre le niveau de qualité désiré, et tant que le niveau n’est pas atteint il faudra refaire le cycle Plan, Do, Check, Action. C’est pour cela que la représentation est sous la forme d’une roue, car ce n’est qu’une succession de rebouclages pour atteindre les attendus. La cale "expérience" permet de bloquer la roue pour éviter de faire "machine arrière", cela représente la capitalisation (Retex).

Roue de Deming

Lean Six Sigma Belt

Lean, pour gestion de production.
Six Sigma, signifie 6 fois l’écart-type, l’écart-type pouvant être assimilé à la dispersion d’un processus.
Belt, signifie "ceinture" comprenez dans le sens les ceintures des arts martiaux (grades)
Le Lean Six Sigma est une méthode d’optimisation, elle est basée sur le DMAIC :


Il existe plusieurs niveaux de certification au Lean Six Sigma Belt :

Six sigma belts

Les limites de la philosophie

Déjà en 1986, l’article de Takeuchi et Nonaka énonçait certaines limites, parmi lesquelles :


La gestion d’un projet est souvent représentée par le triangle Coût – Qualité – Délai

Triangle Coût Qualité Délais

Attention aux indicateurs !
C'est souvent trompeur et cela provoque l’effet inverse de la philosophie...
Il faut garder en tête qu’il est difficile de tout maîtriser et que les variabilités font partie intégrante de tout projet ; il est important de vérifier les concepts, hypothèses, postulats, par des essais (prototypage) et de capitaliser.

Triangle projet

L’Agile est employé en développement (BE), mais dès que l'on passe en phase de production, avec une cadence à tenir, il doit laisser sa place au Lean.
Dans l’Agilité, il y a des logiques d’itération rapides (boucles), avec des sprints, plus on augmente le nombre d’intervenants et plus le rythme des itérations devient ingérable. De plus avec le principe du feedback (Retex) cela amène de la confusion avec le nombre d’intervenants qui augmente, d’où une tendance à supprimer les itérations pour tendre vers une logique de flux (Lean).
L’effet pervers, c’est que l’Agile et le Lean peuvent s’opposer. En faisant court, L’Agile favorise l’innovation, la créativité et le Lean favorise l’optimisation des flux, la maitrise des variabilités. C’est un peu antagoniste !!!!
Ce qu’il faut surtout retenir de cette philosophie : le but de l’amélioration continue, c’est de développer du savoir et du savoir-faire.

Pour conclure...

Définissez vos besoins avec précision !

Arrêtez de tout mettre dans des cases !

Relativisez les données !


Dans notre cas de conception et fabrication de produits mécaniques, nous avons deux principes à connaître :


Maintenant, est-ce qu’il faut connaitre toutes les méthodes afférentes aux principes ? Non !!! (Pour rappel cf : carte de métro).
Il faut adapter suivant son besoin, taille de l’entreprise, les attendus, les stratégies visées,...
Tout projet implique un travail de caractérisation des besoins du client (traduction en fonctions).


Et je ne cesserai de répéter que l’amélioration continue, c’est l’implication de TOUS : du CEO, président, chef de projet, concepteur, magasinier, métrologue, usineur,...
Elle est nécessaire cette implication, la philosophie sert à favoriser la communication entre les parties (métier) et la collaboration du client.
L’adage de l’amélioration continue est :

MIEUX QU’HIER MAIS MOINS BIEN QUE DEMAIN !




Article rédigé par M. Carl AUGER, Formateur, consultant et expert dans le domaine (entre autres) de la cotation

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